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centrale nucléaire - Page 18

  • "Le risque du nucléaire n’est plus acceptable"

    Je pense que le risque lié à l’énergie nucléaire n'est plus acceptable". Tels sont les propos de Willy De Roovere le directeur général de l’Agence fédérale de contrôle nucléaire (AFCN), chargée de la surveillance du nucléaire en Belgique.

    2915171192.jpgPour ceux qui ne lisent pas couramment le Flamand, voici la traduction française des ses propos, prononcés lors d'une interview sur une radio belge. W De Roovere doit quitter prochainement son poste, ce qui lui donne une grande liberté de parole.

    Il déclare "Nous ne devons pas nous faire d'illusion: il en va toujours ainsi avec une industrie, il y a un risque résiduel".

    Et il ajoute : "on doit accepter l'existence d'un risque résiduel qui, à de très mauvais moments, peut conduire à une catastrophe". "Alors se pose la question de savoir si un tel événement est acceptable pour la population. Je crois que cela est très difficile à cette époque"

    Quand le jounaliste lui demande si le rique lui semble acceptable, il répond : "en toute honnêteté", ne pas savoir. "Je pense qu'aujourd'hui, j'opterais pour d'autres sources d'énergie"

    Depuis Fukushima, le débat sur le nucléaire a changé de dimension, nous ne sommes plus dans un débat théorique, car ce troisième accident majeur prouve que ces catastrophes sont très loin d'être des événement exceptionnels.

    Et voila qu'un directeur d'agence de contrôle nucléaire se met à avoir plus que des doutes ...


  • Fessenheim : des millions d'euros de travaux en 2013, pour un arrêt en 2016

    La centrale nucléaire de Fessenheim, mise en service en 1977, est la plus ancienne encore en fonctionnement en France.

    Sa conception est donc ancienne et les mesures de sécurité existantes sont très insuffisantes.

    Dans sa dernière inspection l'Autorité de sûreté nucléaire (ASN) a soumis l'autorisation de poursuite d'exploitation à des prescriptions importantes et impératives.

    Pour le 31 décembre 2012, EDF devait assurer la construction de l’installation dite « appoint ultime », moyen de refroidissement supplémentaire de secours. Depuis les accidents nucléaires majeurs qui se sont produits ces dernières années, les autorités se sont rendues compte qu'en cas d'incidents graves cumulés, il fallait prévoir un niveau supplémentaire de sécurité. On en déduit que Fessenheim a fonctionné sans ce dispositif depuis 35 ans : la chance a voulu qu'aucun incident majeur ne se produise.

    Lors d'un contrôle récent, le 11 décembre, l'ASN a constaté que cette prescription n'était pas encore300.2012-12-20T114650Z_1_APAE8BJ0WQ300_RTROPTP_3_OFRTP-FRANCE-NUCLEAIRE-FESSENHEIM-20121220.JPG opérationnelle et que"des efforts importants devront être faits pour qu’outre le matériel, l’ensemble de la documentation nécessaire à l’utilisation de ce système soit en place à la fin de l’année". Il restera combien de temps pour que le personnel soit formé et entraîné à l'utilisation de cet équipement ?

    Une autre prescription majeure concerne le radier qui se situe sous le réacteur. Cette masse de béton devrait pouvoir résister à la fonte du corium, qui constitue. la masse radioactive du réacteur. Le radier actuel pourrait tenir 24 h. L'ASN souhaite qu'il soit capable de résister 3 jours. Pour cela l'épaisseur du radier doit passer de 1,5 à 2 m et la zone de collecte doit atteindre 80 m au lieu des 5  actuels.

    Ces travaux doivent être réalisés pour juin 2013, et ils ont un coût estimé de 15 millions d'euros.

    EDF envisage de réaliser ces travaux, alors que le gouvernement a annoncé la fermeture de Fessenheim en 2016. Des millions d'euros vont être dépensés pour une utilisation de 3 ans de l'équipement, et ces travaux vont en plus augmenter le coût de la déconstruction à venir.

    Il n'y a aucune logique économique à ce choix, juste une logique politique dans laquelle EDF et le lobby nucléaire tiennent ouvertement tête aux orientations des plus hautes autorités de l'Etat.

  • sécurité nucléaire : jusqu’à maintenant, le facteur chance a été favorable

     Article de Global Change

    « Rouge ! cria le croupier » (Dostoïevsky, Le Joueur).

    "Les jeux de l’atome et du hasard" de Jean-Pierre Pharabod et Jean-Paul Schapira, publié en 1988 par Calmann-Levy, est le meilleur livre français que je connaisse sur la description et l’analyse des grands accidents nucléaires, avant celui de Fukushima.

    Déjà les auteurs posaient la question suivante en sous-titre : « de tels accidents peuvent-ils survenir en France » ? Ils écrivaient dans leur introduction : « l’analyse de la succession des incidents qui jalonnent notre histoire nucléaire semble indiquer que nous avons eu de la chance – peut-être beaucoup de chance ».

    Three Mile Island (TMI) : « s’il n’y a pas eu fusion totale et « syndrome chinois » (1), c’est essentiellement grâce au chef de quart de TMI-1 (2) venu, deux heures après le début de l’accident, assister ses collègues en difficulté, et qui a compris (en soulevant une étiquette qui masquait un voyant) que la vanne de décharge du pressuriseur ne s’était pas refermée... on peut dire sans trop s’avancer qu’en Pennsylvanie, le 28 mars 1979 au matin, on a eu de la chance... ».
    Et de citer le rapport de l’IPSN (aujourd’hui IRSN) relatif à l’accident survenu sur le réacteur français Bugey 5 le 14 avril 1984 : « L’incident est d’une gravité, en ce qui concerne les sources électriques de puissance de la tranche, encore jamais rencontrée jusqu’ici sur les réacteurs français à eau pressurisée... Une défaillance supplémentaire sur cette voie (refus de démarrage du diesel, refus de couplage sur le tableau LHB (3), etc.) aurait donc conduit à une perte complète des alimentations électriques de puissance, situation hors dimensionnement ».

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    Après avoir rappelé que la filière RBMK des réacteurs de Tchernobyl, développée en URSS depuis le début des années 1950, était « une filière rodée, performante et jugée très sûre », les auteurs présentent et analysent de la même façon la catastrophe du 26 avril 1986. Le cœur étant détruit, la masse radioactive risquerait de contaminer la nappe phréatique : « Une équipe de mineurs, que l’on fait venir spécialement, entreprend finalement la construction sous le réacteur d’un tunnel, véritable cocon que l’on remplit de béton pour l’isoler de la nappe phréatique ».
    Dans son ouvrage récent « Maîtriser le nucléaire – Sortir du nucléaire après Fukushima », le professeur Jean-Louis Basdevant cite le professeur biélorusse Vassili Nesterenko : « Mon opinion est que nous avons frisé à Tchernobyl une explosion nucléaire. Si elle avait eu lieu, l’Europe serait devenue inhabitable ». Et Basdevant de conclure : « C’est pour cela que l’on peut avancer que si l’accident de Tchernobyl n’a pas été dramatiquement plus grave, c’est grâce au courage de quelques-uns, mais surtout grâce à la chance ».

    L’accident de Fukushima, qui est loin d’être terminé, est lui aussi causé par la perte totale du refroidissement des réacteurs. C’est, au même titre que Tchernobyl, une catastrophe dont les effets se feront sentir longtemps et loin. Mais les habitants de Tokyo ont eu de la chance car, lors de l’explosion et de l’envoi massif de matières radioactives dans l’atmosphère, le vent soufflait vers l’ouest et l’océan Pacifique. S’il avait soufflé vers le sud, le « Japon était coupé en deux » (4) et il aurait fallu évacuer Tokyo. Jusqu’ici la chance, il n’y a pas d’autre mot, a permis que la piscine remplie de combustibles irradiés très radioactifs du réacteur 4, endommagée et située en hauteur, ne soit pas détruite par une secousse sismique ou un typhon.

    Et la France ? Pharabod et Schapira concluaient le chapitre sur Tchernobyl par un avertissement : « Il faudra bien, nous semble-t-il, revoir les décisions (et la politique qui les sous-tend) qui ont conduit à implanter un nombre de plus en plus grand de centrales nucléaires sur l’ensemble de l’Europe et tout particulièrement en France, notamment près de zones à très fortes densités de population ».

    Centrale du Blayais, 27 décembre 1999 : tempête et inondation, perte du réseau, dix heures pour récupérer le refroidissement normal du réacteur n°1. Le GSIEN écrit : « La crainte du bogue de l’an 2000 a heureusement aidé : les équipes avaient été entraînées et ont travaillé comme des chefs » (Monique Sené), et la marée était loin du niveau maximal (Bella Belbéoch). On a failli évacuer Bordeaux...

    Qu’il s’agisse de l’occurrence d’un accident grave ou de l’ampleur de ses conséquences qui le transforme en catastrophe, le hasard apparaît toujours dans l’accumulation de défaillances ou d’agressions dans ces systèmes complexes que sont la machine elle-même et son environnement, humain et naturel.

    Lorsque l’on sait que, pour les réacteurs nucléaires équipant toutes les centrales nucléaires françaises, les accidents graves n’ont pas été considérés lors de leur conception (5), on peut se convaincre de la nécessité et de l’urgence « d’aider la chance » en fermant le plus rapidement possible les réacteurs nucléaires (qui arrivent pour la plupart à la fin de la durée de fonctionnement initialement prévue) sur la base d’une analyse de risques multicritère, tenant compte notamment de la densité de la population environnante.

    Bernard Laponche
    Polytechnicien, Docteur ès Sciences en physique des réacteurs nucléaires, expert en politiques deBernard_Laponche.jpg l’énergie et de maîtrise de l’énergie, membre de l’association Global Chance.

    Notes :
    (1) Percement de la cuve et du béton du radier par le combustible fondu (corium) qui s’enfonce dans la terre.
    (2) Le réacteur accidenté est TMI-2.
    (3) Un des deux tableaux d’alimentation électrique de la centrale.
    (4) Témoignage d’un représentant de l’IRSN.
    (5) R&D relative aux accidents graves dans les réacteurs à eau pressurisée : bilan et perspectives, La Documentation française, janvier 2007. Rapport rédigé conjointement par l’IRSN et le CEA (Commissariat à l’énergie atomique).

  • EPR de Flamanville : toujours plus cher .

    L'EPR de Flamanville,  devait représenter la vitrine de ce type de centrale nucléaire de nouvelle génération .

    Sa construction a posé et continue de poser de nombreux problèmes, entraînant retards et modifications. Tout ceci a un coût, et dans le domaine du nucléaire, cela se chiffre en milliards d'euros.

    En 2011, une première révision avait fait passer l'addition de 3,3 à 6 milliards d'euros, soit + 2,7 en 6 ans.

    A peine deux ans plus tard, fin 2012, EDF arrive à une estimation de plus de 8,5 milliards en valeur EPR-Flamanville-est-ouest-1a0ec.jpegactualisée, soit encore 2,5 milliards de plus. Par rapport à l'estimation initiale de 2005, le coût a plus que doublé, on arrive presque au triple du chiffre annoncé.

    EDF signale " Ont ainsi été pris en compte l’évolution du design de la chaudière, les études d’ingénierie supplémentaires, l’intégration des nouvelles exigences réglementaires, ainsi que les enseignements Post-Fukushima." Ce qui veut dire que les exigences de sécurité n'étaient au top à la conception, et que les aléas liés à un type de construction nouveau n'ont pas été intégrés.

    Dans son communiqué EDF semble cependant fière de son futur bébé, à ce prix elle ne va pas faire la fine bouche.

    Le démarrage est pour le moment prévu en 2016, ce qui constitue un retard de 4 ans par rapport à la date initiale. Flamanville constitue avec la centrale finlandaise d'Olkiluoto les prototypes et les vitrines de la technologie française d'EPR. Les deux sites comptent des retards importants et des surcoûts majeurs : avec des vitrines pareilles, on se demande qui aurait envie d'entrer  dans la boutique des vendeurs d'EPR.

  • La facture de l’accident de Fukushima pourrait atteindre 100 milliards d’euros

    Un acident dans une centrale nucléaire ne sera jamais banal

    Le tsunami qui a détruit la centrale de Fukushima continue a faire des vagues et les estimations du montant des réparations viennent de doubler selon l'exploitant (Tepco).

    Ce coût ne prend pas en compte les problèmes médicaux à venir, pour lesquels aucune estimation n'a jamais été réalisée.

    Voici un résumé de la nouvelle communication officielle de Tepco, repris du site de "La Croix"

     

    Kazuhiko Shimokobe, président de Tepco, la compagnie gérante de la centrale nucléaire japonaise de Fukushima (nord-est de l’archipel) ruinée par le tsunami du 11 mars 2011, n’exclut pas un doublement de la facture de la catastrophe. Cette facture pour décontaminer le site et dédommager plus d’un million et demi de victimes s’élèverait à 100 milliards d’euros.

    Toutefois cette enveloppe ne comprend pas les charges liées au démantèlement des quatre réacteurs ravagés sur les six que compte le site, des opérations qui dureront environ quarante ans et nécessiteront le développement de nouvelles technologies ainsi que la formation de milliers de techniciens.

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  • la centrale de Chooz jugée plus dangereuse que Fessenheim.

    La catastrophe de Fukushima aura au moins eu le mérite de remettre au premier plan la question de la sécurité nucléaire.

    L'Europe vient de faire subir des tests à toutes les centrales et le Figaro dévoile les premiers résultats.

    Les stress-tests européens post-Fukushima révèlent des défaillances de sécurité dans toutes les centrales nucléaires françaises. Mais aucune fermeture n'est préconisée par Bruxelles.

    Chacun des 58 réacteurs nucléaires d'EDF affiche des défaillances, d'incidence variable, à l'issue de contrôles de sécurité systématiques menés par l'Union européenne (UE), selon un bilan encore confidentiel, obtenu par Le Figaro.

    Les accidents "improbables" ont été testés, ce qui le moins que l'on puisse attendre, puisqu'un accident est par définition imprévu, voire imprévisible. L'article du Figaro rapporte  :

    fig_chooz.jpg"Un exemple: les procédures prévues en cas d'accident grave sont jugées insuffisantes à Chooz et Cattenom mais adéquates à Fessenheim."

    On va attendre le rapport complet pour se faire une idée plus précise sur les problèmes, mais cela est loin d'être rassurant. A priori les mesures prises en faveur de la protection des populations n'ont pas été testées, celles-ci datent de longtemps et méritent aussi une refonte radicale.

    Le discours simpliste sur la non dangerosité du nucléaire n'a plus lieu d'être, il va falloir que les décisions suivent rapidement ce constat.

  • La Meuse a bien été polluée à Chooz par des rejets chimiques

    La Meuse a été l'objet d'un déversement d'eaux usées dont le pH a été mesuré à 1,5

    Un tel niveau correspond à une acidité très forte, incompatible avec toute forme de vie. Le volume déversé semble considérable, et la dilution du rejet par les eaux du fleuve n'a pu neutraliser l'effet que partiellement, sachant que le contact de l'acide sulfurique et de l'eau dégage une forte quantité de chaleur.

    Après étude des données, le réseau "Sortir du Nucléaire" a décidé de porter plainte contre EDF, d'autant que des négligences concernant la prévention et la limitation du rejet ont été mises en évidence par l'Autorité de Sureté Nucléaire.

    Voici la note reprise du site de Sortir du Nucléaire :

    Le 29 décembre 2011, l’exploitant de la centrale de Chooz B a détecté, au point de rejet en Meuse des eaux pluviales collectées sur le site, un pH anormalement faible. Après investigation, l’exploitant a identifié une fuite d’acide sulfurique vers le réseau d’eaux pluviales du circuit de traitement antitartre des tours aéroréfrigérantes. Le Réseau "Sortir du nucléaire" a porté plainte. Le site de Chooz regroupe les réacteurs de la centrale nucléaire dite Chooz B implantée dans les Ardennes, à la pointe nord du images?q=tbn:ANd9GcRrlgR3AQo-0DirAHs6wTlXK3nK6GJbdjyhGobVag0qiS_PPQvtdépartement. Le site se trouve à moins de 10 km de la Belgique. Exploitée par EDF, cette centrale est constituée de deux réacteurs à eau sous pression d’une puissance de 1450 MW. L’exploitant de la centrale de Chooz B a détecté le 29 décembre 2011, au point de rejet en Meuse des eaux pluviales collectées sur le site, un pH anormalement faible, de l’ordre de 1,5, alors que les prescriptions applicables à ce rejet précisent que le pH de ces effluents doit être compris entre 6 et 9. Après investigation, l’exploitant a identifié une fuite vers le réseau d’eaux pluviales du circuit de traitement antitartre à l’acide sulfurique des tours aéroréfrigérantes (TAR). Le rejet a vraisemblablement débuté le 6 décembre 2011 lors du redémarrage du réacteur n° 1 et des installations de traitement des TAR. Jusqu’à sa détection, l’exploitant estime le rejet d’acide sulfurique en Meuse entre 250 et 600 litres par jour ! Lors d’une inspection du 9 janvier 2012 pour examiner les circonstances et les conséquences de cet événement, l’ASN a constaté des négligences dans l’exploitation et la maintenance des équipements qui auraient pu permettre la prévention, la détection et la limitation du rejet... Le 28 août 2012, le Réseau "Sortir du nucléaire" a déposé une plainte pour pollution des eaux.